Le café, originaire des hauts plateaux d’Ethiopie, connait son boom de consommation depuis le 21ème siècle. Cette boisson « plaisir » est aujourd’hui banalisée comme boisson courante servant de prétexte pour un moment de pause « café », ou tout simplement, comme carburant matinal. Mais au fond, est-il pertinent de consommer abondamment ce bon breuvage ? Quelles sont les retombées d’une consommation excessive ?

Les effets positifs du café sur notre santé [1]

La caféine est responsable des effets « santé » notables du café  :

  • La caféine stimule le système nerveux : consommée en petites quantités, elle a un impact positif sur l’attention, la concentration et les performances intellectuelles [2] en favorisant la production de noradrénaline.
  • La caféine augmente le métabolisme, la mobilisation des sucres et des graisses. Et les capacités immédiates de dépense énergétique [3] (mais de manière transitoire et avec un risque de redescente en dessous du niveau de départ)
  • La caféine possède une action anti-migraine, et peut calmer la douleur.
  • La caféine favorise le transit intestinal et augmente la sécrétion d’acide gastrique, ce qui, chez certaines personnes, peut-être bénéfique, tandis que chez d’autres, cela sera source d’aigreurs et de brûlures d’estomac.
  • La caféine pourrait avoir un effet préventif sur les calculs biliaires [4].

Certaines personnes consomment le café pour son effet dynamisant sans connaitre ses inconvénients sur le long terme. Cependant, d’autres nutriments peuvent dynamiser de manière durable votre organisme sans entrainer d’effets indésirables. Par exemple, la L-tyrosine (acide aminé naturel)

L'excès de café crée des déficits nutritionnels

On distingue deux variétés principales de caféier : le robusta et l’arabica. Elles diffèrent principalement par leur qualité aromatique (celle de l’arabica est supérieure) et par leur teneur en caféine : pour 100g de matière sèche, l’arabica en contient entre 1200 et 1500mg et le robusta, de 2200 à 2600mg. Pour une tasse de 150ml, on compte : café moulu 80 à 90 mg ; instantané 60mg ; décaféine, 3mg.

Au-delà de plusieurs tasses de café (3 à 4 tasses/jours), la plupart des personnes expérimenteront des effets indésirables : nervosité, irritabilité, tremblements involontaires, baisse du niveau d’énergie ce qui conduit à vouloir prendre une autre tasse de café pour se « défatigué » et le cercle vicieux de l’addiction s’installe. Avec l’habitude, la caféine produit de moins en moins d’effets positifs (phénomène d’accoutumance), tout en ayant quand même des effets anti-nutritionnels et négatifs à long terme :

  • Des troubles du rythme cardiaque [5]
  • Au niveau digestif : amplification des sécrétions gastriques d’histamine, le déclencheur de la sécrétion d’acide chlorhydrique. Ce qui peut entrainer des brûlures d’estomac [6] ;
  • Au niveau nutritionnel : baisse de l’absorption de plusieurs vitamines du groupe B, en particulier B1 et B6. La vitamine B1 est importante pour le métabolisme énergétique, ce qui fait qu’à long terme le café, paradoxalement, fatigue. La vitamine B6 [7] est importante pour le contrôle des pulsions, et donc l’usage prolongé de cet excitant contribue à réduire la maitrise de soi. L’apparition de pulsions sucrées vont être observées. Les effets anti-nutritionnels sont d’autant plus important sachant que cette même caféine accroît l’élimination du magnésium [8] (qui permet entre autres, de calmer nos pulsions et notre stress) et du calcium;
  • Augmentation du stress oxydatif par deux mécanismes : l’augmentation de la dépense énergétique et la pénétration intracellulaire du fer [9] causée par une fuite de magnésium.

Les contres indications de la caféine

Une consommation de caféine sera déconseillée dans les cas suivants :

  • Pendant le premier trimestre de la grossesse : la consommation de plus de 3 tasses par jour est associée à un risque de fausse couche. Pendant le reste de la grossesse, le café peut entrainer une accélération excessive du cœur du fœtus [10] ;
  • Si vous êtes sujet à des dérèglements du rythme cardiaques : le café peut déclencher ou aggraver des arythmies et des tachycardies ;
  • Si vous êtes sujet à des allergies alimentaires et à des allergies en général : l’histamine, augmentée par la caféine, favorise une inflammation du tube digestif et le passage d’éléments insuffisamment digérés dans le sang qui provoque des réactions.
  • Si vous êtes sensible au stress, et/ou à un déficit magnésien [11] ;
  • Si vous êtes sujet aux insomnies et aux éveils prolongés. Une consommation de café en fin de journée produira une excitation temporaire alors que notre corps devrait produire de la sérotonine enfin d’après-midi, afin de veiller à un sommeil paisible.

Le café oui, mais comme boisson plaisir !

Au vu du rapport bénéfice/risque, le café se classe comme boisson conseillée en dégustation sans tomber dans une consommation journalière qui peut, à répétition, créer une fatigue prolongée due à un déficit en vitamines B et une déperdition urinaire de magnésium. Le goût du café doit rester unique et sera retrouvé dans des cafés de haute qualité bénéficiant d’arômes intéressants.

[1] Dr Jean-Paul Curtay & Dr Rose Razafimbelo, « Le guide familial des aliments soigneurs », Editions Albin Michel, 2005 ;p334-338.

[2] Is caffeine a cognitive enhancer? Nehlig A. J Alzheimers Dis. 2010;20 Suppl 1:S85-94. Review.
Effects of low doses of caffeine on cognitive performance, mood and thirst in low and higher caffeine consumers. Smit HJ, Rogers PJ. Psychopharmacology (Berl). 2000 Oct;152(2):167-73.

[3] Magkos F, Kavouras SA. Caffeine use in sports, pharmacokinetics in man, and cellular mechanisms of action. Crit Rev Food Sci Nutr. 2005;45(7-8):535-62.

[4] Leitzmann MF, Willett WC, et al. A prospective study of coffee consumption and the risk of symptomatic gallstone disease in men.JAMA. 1999 Jun 9;281(22):2106-12.
Ruhl CE, Everhart JE. Association of coffee consumption with gallbladder disease.Am J Epidemiol. 2000 Dec 1;152(11):1034-8.

[5] Panagiotakos DB, Pitsavos C, et al. The J-shaped effect of coffee consumption on the risk of developing acute coronary syndromes: the CARDIO2000 case-control study. J Nutr. 2003

[6] « Gastroesophageal Reflux Disease (GERD) », Cedars-Sinai

[7] DAKSHINAMUTRIK. Et al., « Neurobiology of pyridoxine », in « Vitamine B6 », Ann. NY Acad. Sci., 1990 ; 585 : 128-144.

[8] PORTA S. et al., «  Interaction between Magnesium and stress hormones in stress », Magnesium Bull., 1992 ; 14 :21-23.

[9] FORMAN H.J et al., « Inflammation, and overview », in DAVIES K.J.A., Oxidative damage and repair. Chemical, biological and medical aspects, Pergamon Press, Oxford, 1991 ; 636-641.

[10]Van der Hoeven T, Browne JL, Uiterwaal CSPM, van der Ent CK, Grobbee DE, Dalmeijer GW ; « Antenatal coffee and tea consumption and the effect on birth outcome and hypertensive pregnancy disorders » ; PLoS One. 2017 May 16;12(5):e0177619. doi: 10.1371/journal.pone.0177619. eCollection 2017.

[11] SELLIG M.S.,  «  Consequences of magnesium deficiency  on the enhancement of stress reactions ; preventive and therapeutic implications (a review) » J. Am. Coll. Nutr., 1994.